C’est en lisant un vieux numéro de Sciences Humaines que je suis tombé sur un fait divers qui
s’est déroulé à Nantes le
22/04/1919: le meurtre de Jean ETILCE Guadeloupéen
qu’un soldat
blanc de la military police a pris pour un déserteur de l’armée américaine
et
a abattu sans sommation.
Parce que
je suis attaché à cette région, j’ai recherché les détails sur cette histoire et
j’ai découvert
qu’il y avait à Saint-Nazaire en 1919 plus de soldats américains
(50000) que d’autochtones (35000).
- Que 9 camps de Sammies entouraient la
cité, bien séparés les uns des autres à cause du racisme
virulent dont étaient
victimes les soldats noirs (les plus nombreux et les moins photographiés
dans
les images d’époque), de la part de leurs compatriotes blancs.
- Que ces soldats US qui bénéficaient de
soldes conséquentes ont fait en sorte que les prix des
rares denrées
alimentaires ont été multipliés par 10, entrainant bientôt l’hostilité d’une
population
soumise et appauvrie.
S’ajoutant à cela, les centaines de véhicules
motorisés qui semaient la terreur dans la ville.
D’où l’idée du titre “Lafayette Go Home”
qui est une réponse au” Lafayette nous voilà” lancé par
le général Stenton en
juin 1917, lors du débarquement du corps expéditionnaire américain.
- Qu’il y eut à Saint-Nazaire durant cette
année-là l'arrivée massive d’un “Lumpenprolétariat”,
venu de tout le pays pour
bénéficier de la manne américaine et se livrer aux trafics et à la débauche,
et
d’une bourgeoisie industrielle particulièrement hostile au mouvement ouvrier
local.
- Que l’année 1919 concrétisa en France, et
à Saint-Nazaire en particulier, les rêves
d’un “Grand soir” ouvrier, sur fond de
révolution russe et allemande.
- Que les américains, déjà tournés vers les
transformations pharaoniques, ont voulu un temps faire
de Saint-Nazaire le
premier port commercial européen en ligne directe avec l’Amérique.
Je réalisai vite que j’avais là tous les ingrédients à une bonne histoire.
Vous en jugerez vous-même.
Alain VINCE